DECOUVERTE D'UN IMPORTANT PARAVENT VIETNAMIEN
Vendredi 30 Avril 2021 à 16h52
Hoang Tich Chù (1912-2003)
« Paysage Vietnamien, Vue sur la pagode Chuâ Thây », 1941
Paravent à trois feuilles en bois laqué brun, rouge, orange, et rehaussé d’or et argent. Signé et daté Hoang Tich Chù 1941 en bas à gauche du premier panneau. Dim. Panneau : 101 x 66,5 cm (chaque).
Provenance : Commandé à l'artiste par les grands-parents des propriétaires, pour la naissance de leur second fils, alors qu'ils vivaient à Nam Dinh.
Estimations : 60 000 / 80 000 €
Hoang Tich Chù est reconnu comme l’un des maîtres de la première génération d’artistes laqueurs du Vietnam. Fils d’un érudit confucéen, il est originaire du village de Phù Luu, dans la province du Delta Rouge. Son père, Hoang Tich Phung, enseignait à la Tonkin Free School et travaillait aux traductions. Lorsqu’il ouvrit avec un autre officiel une classe pour de jeunes étudiants, ils furent mis en maison d’arrêt.
En 1929, Hoang Tich Chù entre en à l’école préparatoire de l’École Supérieure des Beaux-Arts de l’Indochine. Il étudie notamment le dessin sous la direction de Nguyen Nam Son. Mais les difficiles circonstances familiales l’oblige à étudier par intermittence et il doit passer plusieurs examens avant d’être diplômé.
En 1936, après avoir passé l’examen d’entrée, il intègre la 11ème promotion de l’École Supérieure des Beaux-Arts de l’Indochine, aux côtés d’autres artistes comme Nguyen Van Ty, Nguyen Tien Chung ou encore Tran Van Lam. Durant ces années, il remporte le prix d’Angkor après un séjour de trois mois au Cambodge, où il peint notamment Angkor Wat, des moines, ainsi que la population locale.
Il est diplômé en 1941, et ouvre un atelier de peinture et de laque sur la rue Hàng Khoai à Hanoï. Durant ces premières années, il établit un style classique, se concentrant sur les paysages et les pagodes, dont la pagode Chùa Thây, près d’Hanoï, présentée ici sur notre paravent.
L’importance de Hoang Tich Chù dans l’art des laques est essentielle. Alors que les productions avaient jusqu’alors une palette limitée de couleurs (brun transparent, noir et quelques nuances de rouges), il a aidé à développer de nouvelles couleurs, tout en contrôlant mieux leurs usures. Il est en parti à l’initiative d’utiliser des matériaux bruts comme des coquilles
d’oeuf broyées ou incrustées pour créer du blanc pur et bleuâtre, des feuilles d’or, de la poudre d’argent et du rubis réduit en poudre.
Ici, le premier plan se détache en relief, reprenant la vue depuis les abords d’une falaise. Les arbres et arbustes sont rehaussés d’or et argent, rendant la composition dynamique et vivante, reflétant les rayons du soleil. La Pagode Chùa Thây se trouve en contrebas, sur les bords de son lac artificiel orangé, au pied de la montagne Sài Son figurée en laque brune sur le premier panneau.
Après la Révolution d’Août, Hoang Tich Chù est l’un des principaux maîtres de conférence du Collège des Beaux-Arts d’Hanoï. Avec la progression de la mobilisation du Viet Minh, avec à sa tête Ho Chi Minh, le style artistique de Chù change et devient plus réaliste. Comme beaucoup d’artistes, la majorité de ses oeuvres est dédiée à Ho Chi Minh. Il participe la même année à l’Exposition des Beaux-Arts d’Août, commémorant le premier anniversaire de la déclaration
d’indépendance d’Ho Chi Minh. Il y reçoit le prix du gouvernement.
Dans une grandissante atmosphère de résistance nationale contre le colonialisme français, il rentre avec sa famille dans sa campagne d’origine, et occupe un rôle actif dans l’Association Vietnamienne de Résistance. En 1947, lors d’un raid des forces françaises, lui et sa famille sont forcés à rentrer à Hanoï. Il entre entre-temps au Parti Communiste Vietnamien et participe à des opérations clandestines de résistance. Il se fait alors arrêter le 23 Avril 1953.
A la fin de la 1ère Guerre d’Indochine, il repart enseigner au Collège des Beaux-Arts d’Hanoï. En 1953, il crée ce qui est considéré comme la pierre angulaire de l’art de la laque « Les Ancêtres du Palais Royal », qui devient célèbre pour sa riche palette de couleur. La même année, il est récompensé de trois prix lors de l’Exposition Nationale des Beaux-Arts.
Dans les années suivantes, il prend part à la décoration du Hall de l’Assemblée Nationale, et devient président de l’Institut des Beaux-Arts d’Hanoï, de sa création en 1969 jusqu’à sa retraite en 1976. Sa dernière récompense sera le Prix Ho Chi Minh pour les Arts et la littérature en 2000.
Il décède en 2003, et est inhumé dans son village natal.
Nombres d’oeuvre de l’artiste sont aujourd’hui conservées dans des Musées comme le musée national des Beaux-Arts du Vietnam, le musée d’Arts Orientaux de Moscou, ou dans des collections privées.
Les oeuvres de l’artiste ont toujours été très appréciées, non seulement pour ces techniques innovantes, mais aussi pour la représentation de la culture vietnamienne reflétant le développement de la nation.